JOURNÉE DOCTORALE – UNE FOIS LA POUSSIÈRE RETOMBÉE : ARTISTES VIETNAMIEN.NE.S ET LA PHOTOGRAPHIE

Image : Jacqueline Hoàng Nguyễn, Presence in Absentia, 2018-2019 (detail). Colored sand on pedestals and closing performance. Courtesy Gallery 44 and the artist. Photographer Darren Rigo
Image : Jacqueline Hoàng Nguyễn, Presence in Absentia, 2018-2019 (detail). Colored sand on pedestals and closing performance. Courtesy Gallery 44 and the artist. Photographer Darren Rigo

UNE FOIS LA POUSSIÈRE RETOMBÉE : ARTISTES VIETNAMIEN.NE.S ET LA PHOTOGRAPHIE 


Journée doctorale de l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy, ENSAPC


24 juin 2022

13H30-19H

INHA, Institut national d’histoire de l’art, salle Walter Benjamin

 

Sous la direction de Jacqueline Hoàng Nguyn

Artiste, doctorante au KTD programme: Art, Technology and Design – Konstfack et The Royal Institute of Technology, KTH (Suède), en échange Erasmus à l’ENSAPC

 

 

 PRESENTATION

Le 8 juin 1972, un nuage de fumée noire s’élevait dans le ciel clair, couvrant la vision du village de Trảng Bàng à l’horizon. La communauté rurale venait d’être frappée par une bombe au Napalm. Au premier plan de la photographie, une petite fille courait pieds nus sur une route bétonnée. Ce cliché ébranla le monde occidental en ce qu’il témoignait des effroyables répercussions de la guerre sur les civil.e.s. Alors que les Vietnamien.ne.s tentaient de fuir, sans savoir si l’objectif dont ils.elles étaient la cible serait celui d’une arme ou d’un appareil photo, les notions de foyer, d’origine et de lien familial volèrent en éclat.

L’intimité du foyer familial est devenu le réceptacle de la retransmission photojournalistique d’une guerre, qualifiée par l’écrivain américain Michael J. Arlen de « guerre de salon» (the living-room war). Mais qu’en était-il alors de la production photographique réalisée par les Vietnamien.ne.s eux.elles-mêmes ?

Plus largement, qu’est-il advenu des corpus photographiques contemporains de l’Indépendance, mais aussi des productions réalisées dans le quotidien et au sein des familles vietnamiennes, durant la période coloniale ?

La journée d’étude Une fois la poussière retombée : artistes vietnamien.ne.s et la photographie interroge les destins de la photographie vernaculaire et les manières dont les artistes, notamment issu.e.s de la diaspora, ont employé ces images comme sources dans leur travail. En rassemblant artistes et chercheur.euse.s autour de ces questions, il s’agira de participer à une histoire de la photographie au Vietnam pour interroger, notamment à la lueur des études postcoloniales, les reconfigurations possibles de la mémoire et des récits historiques, individuels et collectifs, à partir de ces pratiques.

 

 

PROGRAMME

 

13H15 : Accueil café à l’INHA (salle Walter Benjamin)

13H30 : Ouverture par Zahia Rahmani, responsable du domaine « histoire de l’art mondialisée » à l’INHA, Corinne Diserens, directrice de l’ENSAPC et Annabela Tournon-Zubieta, responsable de la recherche de l’ENSAPC

13H45 : Introduction, par Jacqueline Hoàng Nguyễn

 

Session 1 – 14H-16H (en français) :

Déplacements et reconstruction des supports et des récits à l’épreuve de l’histoire

 

Modération par Zahia Rahmani


14H
Eleonore Tran, Reconstituer la mémoire des diasporas vietnamiennes : la photo comme fil de suture

14H30 :  Jacqueline Hoàng Nguyễn, Le déclic de l’ombre : photographie vietnamienne et nationalisme, 1865-1945 

15H :  Thu Van Tran (sous réserve)

15H30-16H :  Échanges


16H-16H15 :
Pause

 

Session 2 – 16H15-17H15 (in English):

Thy Phu, The Family Camera: Vietnamese Photography, War, and the Art of Memory

Conférence plénière

 

Introduction et modération par Devika Singh

 

17H15-17H30 : Pause

 

Session 3 – 17H30-19H (in English):

Representations of the intimate and subaltern trajectories

 

Modération par Jacqueline Hoàng Nguyn

 

17H30 :  Hương Ngô and Hng-Ân Trương, Claiming the Invisible in Vernacular Photography

18H :  Looking for Lost Captions (15 min., in English without subtitles) by Tuan Andrew Nguyen, projection suivie d’un échange avec l’artiste

18H30-19H : Discussion et clôture de la journée

 

 

BIOGRAPHIES DES INTERVENANT.E.S

 

Jacqueline Hoàng Nguyn est artiste plasticienne et doctorante au KTD programme: Art, Technology and Design – Konstfack and The Royal Institute of Technology, KTH (Suède). Utilisant un large éventail de procédés, son travail explore dans une perspective féministe les notions d’historicité, de collectivités, les politiques utopiques et le multiculturalisme. Ces œuvres s’attachent à révéler la pertinence politique d’anecdotes habituellement jugées anodines, et ont largement été exposées en Amérique du Nord et en Europe depuis une dizaine d’années.


H
ương Ngô et Hng-Ân Trương sont deux artistes dont le travail de collaboration interdisciplinaire découle de leurs expériences vécues en tant que réfugiées vietnamiennes. Leur travail s’enracine dans les archives et les reconfigure pour en réinventer la dimension historique, hautement personnelle et indissociable de nos réalités politiques actuelles. Leur travail a été soutenu par le MoMA (New York, NY), le MCA Chicago (IL), le Nasher Museum (Durham, NC), la Phillips Collection (Washington, DC) et le Station Museum of Contemporary Art (Houston, TX). Elles travaillent actuellement à une commande permanente pour le nouveau terminal des arrivées internationales de l’aéroport O’Hare de Chicago.


Thy Phu
est professeure d’études médiatiques au département des arts, de la culture et des médias de l’université de Toronto à Scarborough. Ses recherches et sa pratique dans le domaine des humanités examinent les intersections entre les études médiatiques, la diaspora, la migration et la justice. Elle est l’auteure de Picturing Model Citizens : Civility in Asian American Visual Culture (2012) et co-éditrice de Feeling Photography (2011). Ses livres les plus récents, Warring Visions : Vietnam and Photography et Cold War Camera, explorations of the visual mediation of the global Cold War, sont à paraître chez Duke University Press. Un autre livre coédité, Refugee States : Critical Refugee Studies in Canada, est à paraître chez University of Toronto Press. Elle est également directrice et chercheuse principale au sein de The Family Camera Network, un projet de recherche collaborative financé par le CRSH, qui engage les communautés locales dans la création d’archives publiques antiracistes.


Devika Singh 
est conservatrice d’art international à la Tate Modern et fait partie de l’équipe du Hyundai Tate Research Centre: Transnational et est en charge de l’art d’Asie du Sud. Elle est également affiliée au Centre d’Études d’Asie du Sud de l’Université de Cambridge et membre de l’Observatoire : Globalisation, Art et Prospective à l’INHA à Paris.


Eléonore Tran
a soutenu en 2021 (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne) un mémoire de recherche intitulé Suture(s). Collecte et utilisation de la photographie vernaculaire dans la pratique artistique du Vietnam et de sa diaspora au cours duquel elle s’est interrogée sur la photographie de famille et, surtout, sur son absence, au sein des foyers de la diaspora vietnamienne. Au cours de cette exploration d’une histoire de migration silenciée, elle a tissé des liens entre les travaux de divers artistes d’origine vietnamienne en France, aux États-Unis, et au Canada. Dans le cadre d’un doctorat à l’Université Paris 8, elle poursuit son travail d’analyse de l’œuvre de ces artistes utilisant la photographie comme matériau de réparation d’une mémoire personnelle et globale morcelée.


Zahia Rahmani
, écrivaine et historienne d’art, est responsable du domaine de recherche « Histoire de l’art mondialisée » à l’INHA. Inauguré en 2004, il est le premier domaine de recherche dédié aux corpus critiques et aux pratiques artistiques à l’ère de la mondialisation. En 2012, elle met en place à l’INHA, « Made in Algeria », un programme dédié à la cartographie et la captation coloniale. Elle organise avec Jean-Yves Sarazin (directeur des Cartes et plans à la BNF) l’exposition Made in Algeria, généalogie d’un territoire, présentée au Mucem jusqu’en mai 2016Elle est l’auteur d’une trilogie consacrée à des figures contemporaines « d’hommes bannis », travail littéraire sur des figures impensées de la théorie postcoloniale, Moze (2003, SW p. 2016), Musulman roman (2005,  SW p. 2015) et France récit d’une enfance (2006, Livre de p.2008) aux éditions Sabine Wespieser.

La pratique de Tuan Andrew Nguyen explore les stratégies de résistance politique par la mise en œuvre de la contre-mémoire et de la post-mémoire. Extraire et retravailler les récits par le biais de l’histoire et des surnaturalismes est une part essentielle de ses vidéos et sculptures. Les faits et la fiction y sont tous deux mis en cause. Développant sa pratique de l’investigation sociale, Nguyen a fondé le collectif artistique The Propeller Group en 2006. Son travail a fait l’objet de plusieurs expositions internationales, dont la Triennale Asie-Pacifique 2006, la Biennale du Whitney 2017, la Biennale de Sharjah 2019 et la Biennale de Berlin 2022.

 


La journée doctorale est également accessible en Visio.


Lien zoom :
https://us06web.zoom.us/j/84577555610?pwd=MG1pTFp2aHNmeVp4NzRQSUlYVDRKdz09

ID de réunion : 845 7755 5610
Code secret : 130865