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DOCTORAT PAR LE PROJET

Rattachée a la cy cergy paris université graduate school humanités, création, et patrimoine, la formation doctorale par le projet s’adresse à des étudiant·e·s alliant pratique artistique et activités de recherche. Plusieurs candidat·e·s sont sélectionné·e·s chaque année pour mener un doctorat co-encadré par un professeur·e hdr de la graduate school et un·e enseignant·e de l’ensapc.

Le doctorat est un diplôme de troisième cycle qui se prépare au sein d’une école doctorale – la CY Cergy Paris Université Graduate School Humanités, Création et Patrimoine – après obtention d’un diplôme conférant le grade de master ou d’un niveau équivalent. Cette formation permet d’obtenir, après soutenance d’une thèse, le grade de docteur·e.

La Graduate School Humanités, Création, Patrimoine regroupe les composantes de sciences humaines et sociales de CY Cergy Paris Université et quatre écoles œuvrant dans le champ de la création et du patrimoine : l’École nationale supérieure d’architecture de Versailles (ENSAV), l’École nationale supérieure de paysage de Versailles (ENSP), l’Institut national du patrimoine (INP) et l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy (ENSAPC). Ces établissements entendent former la structure de référence, au niveau master et doctorat, dans les domaines de la création et du patrimoine avec une méthodologie innovante de recherche par le projet (practice-led research). Elle bénéficie du soutien de la Fondation des Sciences du Patrimoine, du Ministère de la Culture et de la Communication ainsi que du CNRS.

La recherche par le projet place les concepteur·rice·s (artistes, architectes, paysagistes, conservateur·rice·s, restaurateur·rice·s, écrivain·e·s) et leur pratique au cœur du processus méthodologique. Elle permet de produire des savoirs susceptibles d’être réinvestis dans la pratique. La démarche de recherche est articulée par le projet (artistique, architectural, etc.) : elle constitue un espace de réflexion, d’expérimentation et de production qui nourrit le travail , autant que celui-ci peut nourrir le processus de recherche ; la recherche par le projet se donne également pour ambition d’inventer des formes de diffusion et de valorisation spécifiques, appelées par le projet de recherche lui-même. En arts notamment, les artistes considèrent que la recherche ne doit obéir à aucune forme a priori mais que celle-ci fait partie intégrante du processus de leur pratique. Parce qu’elle vise une appréhension large, aussi complète que possible, des mécanismes ou phénomènes en cause – sans néanmoins pouvoir atteindre l’exhaustivité –, la recherche par le projet mobilise une pluralité d’apports disciplinaires.

Aux côtés des mentions « Pratique et théorie de la création littéraire », « Architecture », « Paysage », « Conservation-restauration du patrimoine » et « Études patrimoniales », la mention « Arts » de ce doctorat est portée par l’ENSAPC. Le parcours doctoral est doublement encadré par un·e professeur·e HDR (titulaire d’une habilitation à diriger des recherches), rattaché·e à la Paris Seine Graduate School, et par un·e professionnel·le qualifié·e et reconnu·e dans son champ d’appartenance, enseignant·e à l’ENSAPC. Cinq contrats doctoraux sont alloués chaque année aux candidat·e·s sélectionné·e·s au sein des différentes mentions.

La “mention arts” et les doctorant·e·s de l’ENSAPC 

Entre pratique de pensée et pratique artistique, la recherche en art convoque les différentes étapes du processus de création (de la conception à la production, à la diffusion et à la réception) qu’elle structure. Ce processus est nourri par un regard réflexif qui crée un aller-retour entre expérimentation et distance critique. Inventant leurs propres dispositifs et choisissant pour cela les médiums et les langages qui leur sont nécessaires au-delà des frontières disciplinaires, les gestes et formes de la recherche en art articulent des récits minoritaires en friction avec les histoires dominantes.

Doctorant·e·s à l’ENSAPC :

Raphaël Faon, « Le spectre des images : La pratique artistique comme hantologie »

La thèse de Raphaël Faon porte sur la transfiguration d’images non artistiques par la pratique à partir du concept d’hantologie formulé par Derrida. Il s’agit de prendre en considération la manière dont les images sont socialement hiérarchisées, et quels dispositifs hors de l’image font fonctionner ces hiérarchies. Dans ce projet de déconstruction des cadres de vision, il s’infiltre dans les archives du monde contemporain pour les interroger et leur donner un nouveau sens en exposant leur ambiguïté politique.

Sous la direction de Jean-François Puff, CY Cergy Paris Université et Yann Beauvais, cinéaste. Inscrit en 2018.
https://www.raphaelfaon.com/


Louise Hervé, « Reconstitutions. Incarner les savoirs historiques dans l’espace de la performance »

La performance a une histoire récente aux XXème et XXIème siècles, mais aussi une histoire longue qui permet de penser des formes hétérogènes, au sein et hors de l’histoire de l’art. En prenant pour points de départ les questions d’oralité, de la corporéité du langage, l’enjeu est d’étudier et d’expérimenter des formes mettant en jeu l’incarnation de documents historiques. À partir d’une approche transdisciplinaire de la notion centrale de « reconstitution », Louise Hervé expérimente depuis et avec sa pratique dans le champ de l’art contemporain, où les performances sont des laboratoires et espaces de partage de ses recherches.

Sous la direction de Chantal Lapeyre, Université de Cergy, et Chloé Dechery, Université Paris 8. Inscrite en 2019, thèse soutenue en janvier 2024.
http://iiiiassociation.org/


Joan Ayrton, « “Le cycle des inquiétudes”. Géologie et psychédélisme, hypothèses sur un état de conscience du temps présent »

Le projet doctoral émerge de deux observations relatives à ce qu’on pourrait nommer la « psyché » du temps présent. Le constat d’une part, depuis quelques années, d’une infiltration de la géologie dans les esprits, le langage et les pratiques contemporaines. D’autre part, aux côtés de ce géologique à l’œuvre et des formes qu’il génère, l’observation depuis deux ou trois ans de l’émergence de ce qui pourrait être un nouveau psychédélisme dans les travaux de très jeunes artistes. Une exploration historique à la recherche des sources de ces deux phénomènes a fait émerger l’hypothèse d’un « cycle d’inquiétudes » dont, possiblement, nous vivons l’un des épisodes, le précédant se situant dans les années 1960, puis avant cela au tournant du siècle dernier. Cette recherche prend forme de trois façons distinctes : la réalisation d’un film au Japon, un projet curatorial, et un travail d’atelier combinant pratique formelle et écriture.

Sous la direction de Jean-François Puff, CY Cergy Paris Université, et Vincent Gérard, ENSAPC. Inscrite en 2020.
https://joanayrton.com/


Nicola Lo Calzo, « Photographier les mémoires de l’esclavage. Pour une éthique-esthétique de l’émancipation »

Le projet de thèse de Nicola Lo Calzo porte sur les nouveaux usages de la photographie pour interroger et approfondir l’histoire de l’esclavage et de ses résistances, notamment les mémoires portées par les communautés afro-descendantes. Il s’agira de questionner la place et le rôle que la photographie – dans son articulation aux sciences humaines, telle l’anthropologie, l’histoire sociale de l’art et la littérature – peut jouer comme double instrument d’investigation et de restitution de ces patrimoines. Il sera aussi question de soulever en tant qu’artiste queer, la question centrale des représentations coloniales et post-coloniales qui se pose dès lors qu’on s’attache à documenter les mémoires de l’esclavage incarnée dans des corps subalternes.

Sous la direction de Sylvie Brodziak, CY Cergy Paris University, de Laurella Rinçon, Mémorial Acte ou « Centre caribéen d’expressions et de mémoire de la Traite et de l’Esclavage », et de Corinne Diserens, ENSAPC. Inscrit en 2020.
http://www.nicolalocalzo.com/


Akram Zaatari, « Father and son »

Le projet de recherche « Father and son » (« Père et fils ») s’intéresse aux pratiques archéologiques de fouille et de collecte d’objets – telles qu’elles ont pu s’organiser dans le passé – en tant que prolongements de pratiques artistiques. Il est centré sur les missions archéologiques qui ont eu lieu à Sidon au milieu du XIXE siècle et qui ont séparé deux sarcophages appartenant à un père et un fils ; les rois Eshmunazar II et Tabnit. Si les deux sarcophages avaient été découverts après 1943, ils se trouveraient aujourd’hui au Musée national de Beyrouth, mais ayant été trouvés avant l’entrée en vigueur des lois impériales, le premier a été ramené à Paris et le second à Istanbul. Le projet imagine de réunir, même si c’est de manière symbolique ou virtuelle, ces deux sarcophages dans un même « projet ». Au lieu d’appeler à leur restitution, le projet explore des alternatives à la restitution par le biais d’une démarche artistique : la numérisation en 3D d’abord, puis l’impression et, potentiellement, l’exposition conjointe des deux sarcophages afin d’évoquer leur provenance et de raconter l’histoire de leur séparation.

Sous la direction de François Pernot, CY Cergy Paris Université et de Bénédicte Savoy, en cotutelle avec la Technische Universität Berlin, et d’Alejandra Riera, ENSAPC. Inscrit en 2020.


Louis Henderson, « La répétition infinie : la collectivité comme cinéma anti-colonial »

Cette recherche par la pratique a pour objectif le développement de nouvelles méthodes de collaboration artistique entre des artistes d’Europe et des Caraïbes. En se concentrant sur le cinéma et le théâtre, il s’agit de créer des moyens d’interroger, entre autres, l’histoire coloniale, les séquelles de l’esclavage, l’identité, la race, la représentation, l’éthique, la dette et les réparations, en tentant de dépasser les restrictions que certaines approches normatives de l’identité pourraient imposer au processus artistique. Plutôt que d’arrêter de travailler sur ces questions en raison de problèmes éthiques liés à la relation parasitaire implicite entre l’Europe et les Caraïbes, je m’efforce de repenser constamment ma position en fonction du sujet et des personnes avec lesquelles je travaille. Ainsi, cette recherche vise à développer une esthétique basée sur une éthique de réalisation de films avec des communautés plutôt que sur des communautés, et ce faisant, elle cherche à produire un ensemble de savoirs à destination de futures pratiques cinématographiques qui remettent en cause l’approche ethnographique. Je souhaite créer un véritable cinéma anticolonial, anti-raciste et anti-capitaliste, qui exprime son positionnement politique non seulement à travers les histoires qu’il raconte mais aussi à travers les méthodes qu’il utilise pour créer et raconter ces histoires. En m’appuyant sur les travaux théoriques, théâtraux et poétiques d’Édouard Glissant, Frankétienne et Wilson Harris, je cherche à montrer comment chacun de ces écrivains a abordé la relecture « en spirale » comme technique littéraire pouvant créer de nouvelles approches critiques des questions d’identité et d’histoire coloniale. Cette idée sera mise en relation avec les productions de collectifs de films qui font du cinéma politiquement engagé et anticolonial, tels que Karrabing Film Collective, The Otolith Group, Black Audio Film Collective et Victor Jara Collective.

Sous la direction de Julie Amiot Guillouet, CY Cergy Paris Université, et Marcella Lista, conservatrice en chef, directrice du service des nouveaux media, Centre Pompidou. Inscrit en 2021.


Folakunle Oshun, «
Une approche artistique et curatoriale de l’évolution architecturale post-indépendance de bâtiments d’Etat reconvertis en espaces d’art contemporain à travers l’Afrique de l’Ouest »

Une caractéristique particulière de la sous-région ouest-africaine du continent réside non seulement dans des relations culturelles étroites, traversant les pays et les ethnies, mais aussi dans une chronologie postcoloniale partagée, concernant l’émergence parallèle des États ouest-africains en tant qu’entités indépendantes et souveraines. Cette recherche doctorale analyse de manière critique ces histoires parallèles en relation avec l’évolution des expressions architecturales de souveraineté, depuis leur construction initiale en tant qu’édifices nationaux jusqu’à leur adaptation courante en espaces d’art contemporain. Les similitudes et les différences entre les contextes nationaux de l’Afrique de l’Ouest en lien avec ces histoires architecturales et institutionnelles constituent également des clés importantes pour comprendre les lignes d’interconnexion au sein d’un territoire dessiné par des puissances coloniales. Cette recherche met opportunément en lumière les spécificités des héritages esthétiques et des pratiques contemporaines dans la région, en soulignant les solutions et les adaptations locales en relation avec l’écosystème de l’art contemporain. La thèse étudie également le rôle d’un échantillon d’artistes ayant réalisé des interventions critiques dans ces espaces architecturaux afin de reconstruire et de réimaginer leur validité contextuelle. Des exemples de reconversion de bâtiments patrimoniaux pour l’art contemporain en France, au Royaume-Uni et en Allemagne apporteront un éclairage complémentaire.

Sous la direction de Cécile Doustaly, CY Cergy Paris Université, et N’goné Fall, architecte et commissaire d’expositions. Inscrit en 2021.
https://www.folakunleoshun.com/

 

Nataliya Ilchuk, « Une sismographie des tensions dans le contexte géopolitique actuel de l’Ukraine et de son histoire soviétique : régimes de censure et d’autocensure, identités individuelles et collectives dans les pratiques et productions artistiques et filmiques contemporaines »

Mon projet de doctorat porte sur les liens entre politique totalitaire et perception de la réalité produits par les médias de masse. Il s’agira de comprendre la perpétuation des méthodes de manipulation de la société qui existaient au cours des époques de dictature et de répression au 20e siècle, et qui perdurent aujourd’hui, notamment en se penchant sur les manières dont s’exerce l’autoritarisme sur les artistes actuel-le-s, marqué-e-s par (l’auto) censure. Il paraît en effet urgent de désigner et d’étudier – via le regard de l’art cinématographique –, d’une part les mécanismes contemporains de contrôle tels que les utilisaient les gouvernements qui ont supprimé la liberté au XXe siècle dans les pays « fermés », comme l’URSS, et désormais dans la Russie poutiniste ; et d’autre part, la domination des réseaux sociaux et des outils numériques sur nos vies, qui s’en distinguent mais en prolongent aussi des éléments. Je m’intéresserai particulièrement aux mécanismes qui permettent de voir et d’étudier, au plus près, comment la psychologie des individus est affectée dans la construction de leurs relations, comment elle est influencée par les affres de la consommation et par les réseaux sociaux qui brouillent et déplacent les perceptions. Il s’agira d’identifier certains parallèles entre les méthodes de manipulation de l’opinion publique à l’époque du totalitarisme et leur équivalent dans « l’insta-réalité » d’aujourd’hui, à travers la formation actuelle de « l’identité » ukrainienne et celle, en miroir, de ma propre « identité » individuelle. À travers mes outils artistiques filmiques de narration, il s’agira de mettre en exergue le rapport famille dysfonctionnelle/vocation artistique, à l’aune du rapport état dysfonctionnel/expérience vécue, tout en s’interrogeant sur la façon dont les limitations affectent la créativité.

Sous la direction de Luciana Radut-Gaghi (maîtresse de conférences HDR, CY Cergy Paris Université), Claire Roudenko-Bertin, artiste (ENSAPC), Yann Beauvais, artiste. Inscrite en 2022.
https://nataliyailchuk.net/cv

 

Daniel Jablonski, « ‘Vos papiers s’il vous plaît’: vraies histoires, faux documents »

Ce projet prend pour point de départ une suspicion sur mes récits familiaux. Des découvertes fortuites m’ont récemment amené à soupçonner que, des deux côtés de ma famille, quelqu’un aurait commis, à des époques et dans des contextes différents, un même délit : falsifier ses papiers pour se procurer une nouvelle identité. Plutôt qu’une simple quête de mes origines, il s’agit d’entamer une interrogation sur les rapports complexes, mouvants – voire performatifs –, qui se jouent entre les identités et les identifiants. Car ce nom et cette nationalité que je vis pleinement comme les miens aujourd’hui, et qui ont été ratifiés par les autorités à ma naissance, ont précisément été engendrés par des fraudes documentaires. Ou, pour le dire autrement, le « vrai » a été produit par du « faux ». En prenant mes propres papiers, à la fois, comme un matériel de source, comme outil de travail et comme objet d’analyse, j’entends produire un ensemble inédit de travaux artistiques capables de fonctionner comme une véritable « étude de cas » menée à la première personne. Ancrée dans une démarche de chercheur, ma production s’inscrit dans le champ d’un art contemporain « post-médium » marqué par l’expérimentation et l’hybridation des supports, ainsi que par des approches et méthodologies interdisciplinaires ; notamment, elle se place du côté d’un art plastique narratif qui emprunte des stratégies à la littérature contemporaine. Ce travail sera accompagné d’une réflexion théorique approfondie sur l’hypothèse d’un « art documentaire » existant par-delà des spécificités des médiums et des disciplines, en mesure de restituer aux « représentations factuelles » toute leur teneur créatrice. L’analyse de notions telles que la « non-fiction », la « trace » et le « récit de soi » s’avérera aussi essentielle pour cerner ce parti pris du réel, point de départ de nombreuses pratiques des vingt dernières années qui brouillent souvent les frontières entre littérature, arts plastiques et arts vivants.

Sous la direction de Chantal Lapeyre (professeure HDR, CY Cergy Paris Université, laboratoire UMR), Laura Huertas Millán, artiste (ENSAPC) et Carla Zaccagnini, artiste (The School of Conceptual and Contextual Practices, The Royal Danish Academy of Art, Copenhague). Inscrit en 2022.
https://danieljablonski.org/

 

Appel à candidatures 2024

L’appel à candidature s’adresse à des artistes, créateur·rice·s et auteur·e·s, actif·ve·s dans le champ de l’art et titulaires d’un Master 2 ou équivalent. L’ensemble des informations est présentée dans le règlement du doctorat disponible en pièce jointe (en bas de la page).

Les dossiers sont à déposer du 04 mars 2024 14h au 16 avril 2024 14h sur la plateforme de candidature.

Pour tous renseignements s’adresser à Martina Olivero, responsable des études et de la recherche : martina.olivero@ensapc.fr

Demande d’inscription en doctorat par le projet 2024

Règlement de l’appel à candidature 2024 en doctorat par le projet

Vademecum de la recherche par le projet dans les spécialités de l’École universitaire de recherche Humanités, création, patrimoine