Ygrec

FREE TO MOVE FROM CHAIR TO CHAIR

Exposition collective au Centre d'art Ygrec-ENSAPC

Du 20 septembre au 15 novembre 2025
Vernissage le 20 septembre 2025 de 17h à 21h

Centre d'art Ygrec-ENSAPC
Horaires : du mercredi au samedi,
14h à 19h
29 rue Henri Barbusse
93300 Aubervilliers

   Vue d’exposition © Objets Pointus

FREE TO MOVE FROM CHAIR TO CHAIR 

Exposition collective au Centre d’art Ygrec-ENSAPC
Du 20 septembre au 15 novembre 2025
Vernissage le 20 septembre 2025 de 17h à 21h
Avec : Guillaume Maraud, Irma Name, David Posth-Kohler, Julie Sas et Angharad Williams
Commissariat d’exposition : Ana Braga, Clara Guislain et Guillaume Breton

Free to move from chair to chair est une exposition collective rassemblant des propositions d’artistes autour d’approches plurielles et non-conventionnelles de l’éducation et de la pédagogie. Entrant en résonance avec le « tournant éducatif [1]» de l’art (tout en faisant un pas de côté avec ses formats didactiques et son penchant pour l’utopie), les six artistes exposé·es convoquent à travers leurs œuvres des gestes plus cryptés ou fragmentaires qui interrogent le rôle de l’éducation, aussi bien comme expérience intime, dispositif ou rhétorique, conditionnement ou enjeu socio-politique aux ramifications multiples. L’éducation, intrinsèquement plurielle, marquée par des dynamiques de transition et de passage, dépasse largement les frontières physiques et institutionnelles. Loin des limites de la salle de classe, elle est ici envisagée comme un champ fluide, traversé par des tensions, des conflits et des réinventions impliquant autant l’espace du politique, de la subjectivité, de la construction de l’image de soi ou de la mémoire collective.

« Free to move from chair to chair [2] » est une citation extraite d’une conversation entre Robert Filliou et John Cage sur l’éducation où l’artiste américain formule l’hypothèse d’une situation d’apprentissage à la flexibilité radicale, tant dans sa disposition spatiale (une salle vide sans place attitrée où l’on serait « libre de se déplacer d’une chaise à l’autre »), que dans son contenu (« rien n’est appris qui n’était déjà connu ou connaissable avant l’avènement de la situation d’apprentissage. »)

Si les mots “free to move” renvoient, dans la pensée de Cage, à une éducation libre, auto-dirigée et ouverte à l’indétermination, cette flexibilité pourrait aujourd’hui résonner avec les logiques néolibérales de formation continue, de plasticité individuelle et de savoirs personnalisables et digitalisés, tout comme avec la transformation actuelle d’institutions soumises à l’agenda de l’hyper-adaptabilité capitaliste. Cette ambiguïté ressort des propositions des artistes de l’exposition, qui se confrontent à ces dynamiques contemporaines où le champ de l’éducation se croise avec des logiques spectaculaires, de décentralisation technologique ou de captation attentionnelle. Chaque geste présenté vient en même temps dessiner une voie d’expression sensible qui valorise l’art dans sa capacité à produire un savoir non quantifiable et à ouvrir des possibles pour agir sur le tissu institutionnel.

Cette exposition offre ainsi une vue, actuelle, hétérogène et nécessairement partielle, sur la façon dont les artistes peuvent participer à reconsidérer sous un nouveau jour les structures de transmission et les récits liés à l’éducation à l’ère du néo-libéralisme. Elle cherche en même temps à ouvrir des perspectives plus allusives qu’illustratives, suggestives que démonstratives sur un thème habituellement abordé par l’art sous l’angle de l’alternative utopique.

Les propositions artistiques sont complétées par des contributions écrites des artistes. Ces textes théoriques, littéraires, ou hybridant ces deux registres, seront rassemblés dans un objet éditorial. Ils reprennent et élargissent le dialogue ouvert par les œuvres présentées dans l’exposition. Dans leurs approches expérimentales des formats écrits et discursifs valorisés dans les parcours éducatifs traditionnels (thèses, mémoires), ces contributions mettent également en jeu leur réappropriation et offrent divers points de vue sur la recherche-création actuelle concernée par ces enjeux de pédagogie comprise dans un sens élargi.

Les réflexions liées à ce projet ont également été nourries par un ensemble d’entretiens conduits par les commissaires avec des personnes impliquées dans des pratiques et des recherches liées à l’éducation (universitaires, enseignant·es, syndicalistes, artistes, directrice d’école d’art, etc.). Ces entretiens retranscrits sont proposés à la lecture au sein de l’exposition, permettant d’élargir et compléter le faisceau des questionnements soulevés par les œuvres, en multipliant les voix et les points de vue situés sur une actualité en constante négociation et, plus que jamais peut-être, sous le feu des réécritures néo-libérales du savoir et des obscurantismes révisionnistes.

Lors d’une exposition associée aux ateliers W à Pantin le 31 octobre, deux groupes d’étudiant·es de l’Ensapc et de l’Ensad de Limoges présenteront des œuvres réalisées dans le cadre d’un workshop. Ce second volet de Free to move from chair to chair ouvre un espace de dialogue entre étudiant·es et artistes où se croiseront des perspectives sensibles, critiques et imaginaires sur l’éducation et l’apprentissage.

Enfin, le Centre d’art Ygrec-Ensapc a la particularité d’être un espace d’exposition rattaché à une institution d’enseignement artistique. Cette proposition se penchant sur des questions éducatives à travers les voix d’une jeune génération d’artistes, elles et eux-mêmes issu·es d’écoles d’art, trouve une mise en situation particulièrement propice à encourager des effets de résonances avec le lieu de formation où l’acte d’apprendre engage simultanément un travail sur soi, sur les structures, et sur les conditions mêmes de l’émancipation.

 

[1] Voir à ce sujet l’article de Kristina Lee Podeska, “A Pedagogical Turn : Brief Notes on Education as Art”, Fillip 6, 2007 (https://fillip.ca/content/a-pedagogical-turn), ou encore Iris Rogoff, “Turning”, e-flux journal, # 0, novembre 2008 (https://www.e-flux.com/journal/00/68470/turning). Le terme tournant éducatif est apparu dans les années 2000 pour définir un ensemble d’expositions qui invoquent l’interactivité et mobilisent souvent les esthétiques scolaires ou pédagogiques, afin de repositionner l’art comme un lieu de production de savoirs et/ou faire de l’éducation un médium artistique à part entière.

[2] Extrait de la conversation enregistrée en mars 1967 entre Robert Filliou et John Cage, publiée dans Robert Filliou, Teaching and Learning as Performing Art, Cologne – New York, Kasper König, 1970.

Biographies des artistes

Guillaume Maraud

Guillaume Maraud a suivi une formation au métier d’avocat après des études en théorie du droit (EHESS) et en art (ENSAPC). Ses recherches portent sur les discours et les praxis du changement institutionnel. Il prépare actuellement une thèse de doctorat en philosophie du droit au sein du laboratoire Identité & Subjectivité (UR 2129) à l’université de Caen Normandie et du programme RADIAN.

Irma Name

Hélène Deléan et Clément Caignart sont artistes et chercheur.ses. Iels développent une pratique collective sous le nom d’Irma Name depuis 2016. Leur travail artistique joue avec les formes de la performance et de la vidéo, et associe théorie et fiction, improvisation et co- création. Hélène Deléan a étudié aux Beaux-Arts de Paris, à Sciences-Po Paris et à l’Akademija Likovnih de Sarajevo. Clément Caignart a étudié aux Beaux-Arts de paris et à la Cooper Union School de New York. Leur travail a été présenté au CAC La Ferme du Buisson, à Bétonsalon Centre d’art et de recherche, au Centre Pompidou Paris, au CAC du Parc St-Léger, à la Mountain School of Art de Los Angeles. En 2022, il·elles réalisent leur premier film Rois d’Asile dans le cadre du dispositif Nouveaux Commanditaires. En 2023, iels sont lauréat·es du prix ADAGP/Betonsalon.

David Posth-Kohler

David Posth-Kohler a longtemps détourné des objets de consommation emblématiques de la mondialisation (sac à dos, baskets, téléphone portable) pour les refaçonner à l’aide d’un artisanat local croisé lors de ses nombreux voyages : peinture en lettres et fonte d’aluminium à Cuba, taille du bois et travail du cuir au Sénégal… L’autonomie technique qu’il y découvre l’incite à « être sa propre petite industrie ». David Posth-Kohler vit et travaille à Paris. Il est diplômé de l’ENSBA Lyon et est artiste-résident à DOC. Il a notamment exposé au MAC de Lyon, à la Villa du Parc (Annecy), à l’IAC (Villeurbanne) ou encore au Creux de l’enfer (Thiers). Il est représenté par la galerie Florence Loewy, Paris.

 

Julie Sas

Julie Sas est artiste et autrice. Diplômée de la HEAD-Genève, elle vit et travaille à Paris. De nature conceptuel, son travail artistique et littéraire articule des objets sociaux et des langages situés autour de jeux de sens, de normes et d’identités qui démontrent une tension avec certaines données politiques et sociales. Il s’attache en particulier à analyser la gestion des affects dans nos sociétés de contrôle, les logiques de surveillance intériorisée et les régimes de pulsionnalités générés par nos modes de gouvernance et de consommation. Ses expositions personnelles récentes incluent «XD» à la Maison populaire de Montreuil (2022), «OK OK K.O» à Treignac Project, (2022), «Like a candle in the wind» aux Limbes (Saint-Étienne, 2023) et « Numéro France » à Pauline Perplexe (Arcueil, 2023). Elle est l’autrice de « Notes de la rédaction » publié en 2017 aux éditions Héros-Limite et de « Le grand soir est-il », qui paraitra en 2026 aux éditions Zoème. Ses poésies, essais et traductions sont par ailleurs publiés dans diverses revues – Lundi matin, La Vie Manifeste, Pli, Sabir, Confiture, EAAPES, How to become – ainsi que dans des structures éditoriales : éditions Le Corridor Bleu (anthologie de poésie “Madame tout le monde”, 2021), Presses séparées de Marseille (« Le grand soir est-il », 2023), éditions Clinamen (« Daring Shifts », 2023) et DQ Press (« Dispersantx », 2021 ; « type », 2019).

 

Angharad Williams

Angharad Williams (née à Ynys Cybi, Pays de Galles) est artiste, autrice et performeuse. Elle s’intéresse au rôle de la poésie dans notre société de plus en plus militarisée. Elle a présenté des expositions personnelles à KIN, Bruxelles, et à Simian, Copenhague (2025) ; à Schiefe Exposition soutenue par le Département de la Seine-Saint-Denis et l’État-ministère de la Culture – DRAC Île-de-France Zaehne, Berlin (2024) ; à Fanta, Milan (2023) ; ainsi qu’à Mostyn, Llandudno, et au Kunstverein Düsseldorf (2022). Williams a participé à de nombreuses expositions collectives, notamment au Museo Madre, Naples, et à The Wig, Berlin (2024), ainsi qu’à Reena Spaulings, New York (2023). Elle participe à l’édition 2025 de l’Okayama Art Summit et prépare une exposition personnelle à la Fondazione Sandretto, Turin. Eraser, le premier livre de fiction de Williams, a été publié par After8 Books, Paris, et le Kunstverein Düsseldorf en 2023.
Elle enseigne au sein du programme de Master en Beaux-Arts de la ZHdK, Zurich, et est actuellement professeure intérimaire de sculpture à la HfBK, Dresde.

 

Biographies des commissaires

Ana Braga

Ana Braga est artiste, enseignante, membre du Collectif W et du trio d’artistes BN. Diplômée de l’École Nationale des Beaux-Arts de Paris (2013) et de la Faculdade de Belas Artes da Universidade de Porto (2010), son activité d’enseignante est constitutive de son travail artistique et de ses recherches. Dans sa réflexion, elle aborde les relations entre liberté et pouvoir, quotidien et corps social. À travers son engagement dans des collectifs d’artistes différents, elle participe à des projets expérimentaux, qui construisent peu à peu une dialectique. Celui de l’artothèque W, initié dans la maison des arts de Malakoff en 2021, met en évidence les notions de collection, d’exposition, d’économie et de médiation de l’art. Parmi les expositions qu’elle co-organise, Caricature en vacances, s’organise en 2022 autour de la figure de l’artiste américain Mike Kelley et ouvre le champ de l’actualité de la caricature. En parallèle au travail personnel qu’elle développe, elle s’attache à l’élaboration de projets pédagogiques ludiques qui rejoignent sa conception de l’affranchissement essentiel à l’artiste comme à l’être humain.

 

Guillaume Breton

Guillaume Breton est le directeur artistique du Centre d’art Ygrec-ENSAPC depuis 2018. Il a co-fondé et dirigé entre 2011 et 2017 Rowing Projects, Londres (Royaume-Uni) où il a développé des collaborations avec, entre autres, la Tate Britain, Gasworks, ICA, Freud Museum, Whitechapel Gallery, Londres (Royaume-Uni) et a participé à plusieurs foires internationales (Art Brussels, Artissima, Loop Barcelona). En parallèle d’une activité de commissaire d’exposition indépendant, développant des projets avec le Frac P.A.C.A (Marseille), le musée Bonnat (Bayonne), Auto Italia South East (Londres), Louise Blouin Fondation (Londres), Zabludowicz Collection (Londres) et la Galerie Édouard Malingue (Hong Kong) ; Guillaume Breton a travaillé pour la South London Gallery, (Londres), le Whitney Museum of American Art, (New York), Neue Alte Brücke, (Francfort) et a enseigné au sein de la formation curatoriale du Royal College of Art, Londres de 2011 à 2013. Il a également réalisé plusieurs interventions à la Slade School of Art, Sotheby’s Institute et De Appel Gallerist Programme. Guillaume Breton a étudié la médiation culturelle à l’Unviversité Paris 8, a obtenu un DEA en Arts et Lettres à l’université d’Aix-Marseille et un Master-Curating Contemporary Art au Royal College of Art.

 

Clara Guislain

Clara Guislain est critique d’art, commissaire indépendante et enseignante. Spécialiste du postmodernisme artistique nord-américain, elle a obtenu un doctorat en histoire de l’art contemporain à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Parallèlement à son travail de recherche universitaire, elle développe depuis une dizaine d’années une activité de critique d’art et commissaire d’exposition (ExoExo, galerie Valentin, galerie Valeria Cetraro, Galerie Ceysson Benétière). Ses textes sont régulièrement publiés dans des revues (Marges, la Belle Revue, DECOR) et des catalogues. Depuis 2022, elle est professeure d’histoire et théorie de l’art à l’Ecole nationale supérieure d’art et de design de Limoges et a également enseigné dans plusieurs universités françaises (Aix-Marseille et Gustave Eiffel).

Exposition soutenue par le Département de la Seine-Saint-Denis et l’État-ministère de la Culture – DRAC Île-de-France