CHAMPS DE FORCE
Luc Lang
« Champ de forces » est un terme utilisé par Deleuze que je reprends à mon compte pour évoquer la rencontre par aimantation ou opposition de tous les médiums (littérature, philosophie, cinéma, arts plastiques, vidéo, performances) concernant une problématique définie, chacun des médiums y répondant à sa façon, avec sa poétique, avec sa technique, ses outils, ses points de vue liés justement à ses techniques et ses process. De quoi créer un champ de forces, un champ d’aimantation, où tous les médiums dialoguent et polémiquent entre eux sur un même sujet. Nous avons déjà eu une réflexion sur qu’est-ce que l’image et sa nature selon le médium qui la produit ? En 2020 c’était une réflexion sur le genre humain, en 2021 c’était une réflexion sur la nature de l’objet d’art et la nature du travail de l’artiste en regard des objets usuels et de l’organisation du travail telle qu’elle est proposée dans l’entreprise contemporaine. En 2023, au regard de la réflexion essentielle de Gunther Anders sur l’obsolescence de l’humain (sur la destruction de la vie à l’époque de la troisième révolution industrielle), et de celle de Byung-Chul Han sur la fin des choses, nous travaillerons sur l’objet, sa désubstantialisation, sa disparition dans notre monde contemporain et quelles sont justement les propositions artistiques et quelles sont les pragmatiques induites par les œuvres que proposent certain·es artistes de la seconde moitié du XXE siècle et du début du XXIE siècle pour résister à cette destruction ?
En 2025 et 2026, nous reprenons la problématique autour de l’objet, de sa dématérialisation et de sa disparition progressive, au profit de l’accès à des fonctions et des applications dans un monde qui se réduit à de l’information permanente dépourvue de temporalité.
Dans cette situation contemporaine, quelle place le corps pérenne peut-il conserver?
Pas seulement dans l’inanimé des matériaux, que ce soit des objets ordinaires ou même des oeuvres d’art, mais aussi dans le vivant, puisque l’humain ou l’animal, c’est aussi du corps et de la matière. De la même façon qu’un sujet puisse être un objet, le corps peut aussi en être un, devenant tour à tour corps-objet ou objet-corps. Pas seulement l’objet du désir, mais aussi l’objet-corps comme cible, que l’on nourrit, que l’on exploite, que l’on façonne, que l’on aliène, que l’on instrumentalise, selon des modalités, des techniques et des idéologies toujours plus subtiles et fines, l’horizon modélisant étant de devenir un corps-machine dans lequel l’espèce humaine pourrait disparaître.
EXHIBITION-MAKING: CONTEXT, RESEARCH AND PRACTICE
Chương-Đài Võ
This course combines research and practice in exhibition-making, leading to a group exhibition at Ygrec in May 2026. We will begin by considering the goals and processes of researching and organizing exhibitions by learning about three significant exhibitions and festivals in different parts of the world: FESTAC ’77 in Nigeria, Chiang Mai Social Installation in Thailand (1992-98), and the Third Havana Biennial in Cuba (1989).
Second, we will consider the context and relevance of ENSAPC and Ygrec: students will present their research about 1968, the context of the school’s founding; and the neighborhood where the gallery is located.
Third, students will develop projects that are in conversation with the school and gallery’s histories, their relevance for today, or the ideas that arise in our conversations about these places.
Guest artist Sabina Gillani will join us for three two-hour sessions: first, to share her research on student-led movements at the National College of Arts, Lahore; second, to present how she weaves together her research about social issues and art material and techniques; and third, how the research informs her artistic projects.
Students will produce work for the exhibition as solo or collective projects.
Additionally, we will work together to organize an exhibition from conception to execution, administration to installation and deinstallation. The exhibition is
confirmed for 7-31 May 2026 at Ygrec.
FACE A FACE
Luc Lang et Carole Benzaken
Trop souvent, les étudiant·es ont un rapport abstrait aux arts par le biais des images électriques de leurs écrans. Il s’agit donc de se confronter à la réalité physique unique des œuvres présentées au Musée d’Art moderne de la ville de Paris. C’est bien d’un face à face, à l’échelle réelle qu’il s’agit, et de développer une attention frontale et particulière à l’œuvre, et non de venir vérifier au musée que l’œuvre correspond à sa photo comme si c’était l’image électrique l’original…
Chaque étudiant·e doit, devant une ou plusieurs œuvres qu’iel choisit, la présenter à l’ensemble du groupe, construire sa critique de l’œuvre. Il-elle peut choisir des œuvres parce qu’il-elle les trouve importantes, intéressantes, puissantes, ou encore parce qu’il-elle les trouve faibles et sans intérêt. L’objectif étant de construire un point de vue personnel argumenté et sensible sur l’œuvre. Avec un temps de parole autour de 15 mn. Après cela, une discussion/débat s’engage avec l’ensemble du groupe.
LES FEMMES DANS L’ART
Carole Boulbès et Corinne Le Neün
Invitées : Camille Morineau, Marianne Derrien
Dix-sept ans apr.s l’exposition Femmes@centrepompidou qui changea la perception de l’art en France, on s’interrogera sur la place actuelle des femmes dans l’art et la société, leurs rapports à l’autorité et aux institutions en donnant la parole à des historiennes de l’art et des artistes invitées à venir partager leurs expériences.
Lors du séminaire, on lira et analysera un corpus de textes et d’images qui soulèvent des problèmes théoriques, critiques et politiques. On prévoit également des visites d’ateliers.
Nous partirons de diverses publications d’histoire de l’art et d’esthétique (catalogues, essais critiques, oeuvres) et du site Internet AWARE (Archives of Women Artists, Research and Exhibitions). Ce centre de ressources virtuel a été co-fondé en 2014 par Camille Morineau, historienne de l’art spécialiste des artistes femmes. Le site est couplé à un espace de documentation à Paris et à un lieu de résidence. Nous y suivrons notamment le travail de deux alumni qui ont quitté l’ENSAPC récemment : Park Chae Biole et Park Chae Dale du collectif Nest.
ONE + ONE (ÉLOGE DU PARTAGE, DE L’ÉCHANGE ET DE LA TRANSMISSION)
Boris Achour
ONE + ONE revient en deuxième saison, avec quelques aménagements de ses règles. Ce cours se joue toujours en public et à deux participant·es, dont moi. Contrairement à la première saison, l’autre participant·e peut être un·e autre enseignant·e mais aussi un·e étudiant·e ou une personne invité·e pour l’occasion.Sa durée est toujours comprise entre deux et trois heures. Le reste ne change pas :
— La personne A (c’est moi) présente aux étudiant·es une oeuvre qu’il ou elle aime tout particulièrement (film, texte, son, oeuvre plastique…) par une courte introduction destinée à la contextualiser.
— Puis, la personne B fait de même avec une autre oeuvre de son choix.
— Les deux joueur·euses ne s’étant pas informé·es au préalable des oeuvres choisies, chacun·e découvre celle de l’autre en même temps que le public.Prenant pour point de départ les oeuvres présent·es, leurs contextes de créations, leurs auteur-ices ou tout autre paramètre jugé pertinent, les deux joueur·euses engagent une discussion mélant analyses, commentaires, critiques, références, digressions, divagations et coq-à-l’âne.ONE + ONE souhaite favoriser :
— Le plaisir de partager avec un auditoire une oeuvre particulièrement appréciée (et d’expliquer pourquoi).
— L’agrément de la discussion (écoute, échange, improvisation, mais aussi éventuels malentendus voire impasse)
— Les vertus de la transmission
— La participation active des étudiant·es en tant que second ONE
PERFORMANCE ENCORE ! (POUR PRATIQUER LE MOUVEMENT ET SORTIR)
Claudia Triozzi
Nous continuerons nos sorties selon des programmations et des présentations dans différents lieux de spectacle. Par des exercices à thème, nous allons pratiquer le mouvement, dire le mouvement du corps. Danser ? Performer ? Actionner ? Agir ? Il ne s’agira pas de définir, mais de s’adapter à des situations créées. Dans le cours, il s’agira de mettre en commun, de partager un travail en train de se faire, en privilégiant l’acte et le geste portés par nous, et qui se présentent à nous, stimulé·es par la parole, l’objet, la voix. En écho aux matériaux élaborés pendant les workshops et le spectacle, nous aurons l’occasion de penser et tisser une thématique, afin d’élaborer et construire des espaces performatifs.
L’appréhension de l’espace et notre perception de l’autre découlent de comportements initiés dans des actes et déplacements proches de notre quotidien. Comment les envisager autrement ? Comment leur donner une nouvelle inscription, une autre lecture dans l’espace proche et partagé pour rentrer dans le mouvement directement. Nous allons stimuler une expérience en écoute, en valorisant les détails à l’apparence ordinaire, en adoptant des systèmes de groupes aléatoires, par l’improvisation orientée vers la construction de l’espace et son interprétation. Cette démarche s’appuiera sur le retour à nos propres expériences vécues et mises en acte. Cela, pour nous retrouver, adapter une écriture évolutive, ressentir pour pouvoir construire. Image, danse et écriture seront les matières de nos recherches performées. C’est une expérience à vivre, qui nous place face à un agir parfois difficile à surmonter. Les différentes pistes d’exploration et de découverte seront autant de façons de mettre en perspective des chemins personnels pour y parvenir.
Deux workshops ponctueront également l’année 2025/2026 et une invitation proposée à l’artiste Farah Khelil dans le cadre du cours du vendredi.
THÉORIE ESTHÉTIQUE ET CONSÉQUENCES PRATIQUES 2 – ATELIER DE LECTURE
Geoffroy de Lagasnerie
Ce cours prendra la forme d’un atelier collectif de lectures et de discussions de textes de théorie de l’art et des images. Chaque séance consistera en une présentation d’un texte par un ou plusieurs étudiant·es, puis nous en discuterons les enjeux théoriques, politiques et historiques ainsi que les conséquences que vous pouvez en tirer pour votre pratique. Ce cours demande donc de l’assiduité et une volonté de participer à une discussion collective.
RADICAL GAZE
Enseignante responsable : Marielle Chabal
« Cherche cette histoire, ton histoire, cette histoire à trous, cette histoire qui manque, dont on t’a amputée. Et à défaut de la trouver ; cette histoire qui parle aussi de toi, qui t’est dissimulée ; compose avec ce manque, fais-la, écris-la, fabrique-la. Crée. » Monique Wittig
Notre rapport au monde est influencé par les récits projetés dans nos réalités, des récits sur l’histoire de l’humanité qui performent nos existences. Les récits – tous les récits – tant dans leurs fabulations, leurs vérités que leurs structures sont de puissantes machines de décentrement. Ils peuvent interroger, révéler ou inventer d’autres possibilités d’existence et ce faisant, ces récits participent à construire les manières dont nous habitons le monde. Puisque la réalité est une construction, la fiction n’est en rien fictive, elle trace des chemins à emprunter et dessine les possibles de nos avenirs communs. Les récits d’anticipation — sous des formes utopiques, complotistes ou catastrophistes — sont désormais le champ de négociation de notre lecture du monde et dans un contexte social et politique où ni la tabula rasa, ni la fuite en avant ne sont envisageables. Activer des possibles est probablement le meilleur moyen de modeler et de r.agencer la réalité.
Nous avons vu des scènes érotiques de lesbiennes vampires et nécrophiles, de sorcières démoniaque et d’histoires pleines d’effusions sanglantes bien avant d’avoir eu accès à des scènes de cyprine tangible. Le réalisme magique, les cinémas fantastiques et d’horreur ont su profiter de la distance inhérente au genre et s’emparer de la représentation queer. La fiction entraîne les réalités. Ce séminaire recouvre des dimensions à la fois formelles et politiques. Nous nous demanderons de quels récits nous avons aujourd’hui besoin pour infuser notre époque et comment les raconter. Nous inventerons tout ce que nous pouvons et revendiquerons la nécessité de mettre en oeuvre des récits transformateurs qui évoquent et possibilisent des changements souhaitables, des futurs enviables que nous formaliserons pour les rendre envisageables.
Cinémas fantastiques et d’horreur ont su profiter de la distance inhérente au genre et s’emparer de la représentation queer. La fiction entraîne les réalités.