Etudier à l'ENSAPC

ACTUALITÉ DE LA PHILOSOPHIE ET DES SCIENCES SOCIALES

Geoffroy de Lagasnerie

Le séminaire accueillera des auteur.e.s qui viendront présenter leurs travaux récents et d’autres qui les discute- ront ou les prolongeront. Les séances pourront porter également sur des problèmes théoriques, des questions politiques, des notions qui émergent, des problèmes de l’actualité, etc. Les séances tourneront autour de questions critiques ou théoriques, etc. On y par- lera philosophie, sociologie, histoire, esthétique, psychanalyse, etc.

« BECOME THE MEDIA » – HISTOIRES DE L’EXPOSITION

Gallien Dejean
Avec la participation de Eva Barois de Caevel, Robyn Chien, Olivier Marboeuf, Lili Reynaud-Dewar, Mohamed Salah Azouzzi (sous réserve), Marion Scemama (sous réserve).

Dans la tradition moderniste, chaque médium – à commencer par la peinture – se doit d’être autoréférentiel afin d’atteindre son essence. Dans ce contexte, le médium curatorial, qui s’incarne dans l’exposition, est impur car il est composite et ses supports sont multiples. C’est donc pour garantir la pureté de ses expositions que le modernisme a créé l’environnement aseptisé du « white cube ». Contrairement à cette conception, la théorie des médias permet d’envisager la plateforme curatoriale comme le médium absolu puisque son objet intrinsèque est la diffusion. Nous étudierons cette fonction de diffusion en évoquant le rôle du curateur à travers l’analyse critique de son statut et observerons comment les artistes se sont saisis de cette fonction curatoriale dans son sens le plus large (expositions, magazines, maisons d’édition, librairies, chaînes de télévision, etc.), afin de s’approprier et de réinventer des prérogatives essentielles (diffusion, théorie, économie) qui leur ont souvent été confisquées.

CHAMPS DE FORCE

Luc Lang


« Champ de forces » est un terme utilisé par Deleuze que je reprends à mon compte pour évoquer la rencontre par aimantation ou opposition de tous les médiums (littérature, philosophie, cinéma, arts plastiques, vidéo, performances) concernant une problématique définie, chacun des médiums y répondant à sa façon, avec sa poétique, avec sa technique, ses outils, ses points de vue liés justement à ses techniques et ses process. De quoi créer un champ de forces, un champ d’aimantation, où tous les médiums dialoguent et polémiquent entre eux sur un même sujet. Nous avons déjà eu une réflexion sur qu’est-ce que l’image et sa nature selon le médium qui la produit ? En 2020 c’était une réflexion sur le genre humain, en 2021 c’était une réflexion sur la nature de l’objet d’art et la nature du travail de l’artiste en regard des objets usuels et de l’organisation du travail telle qu’elle est proposée dans l’entreprise contemporaine. En 2022, au regard de la réflexion essentielle de Gunther Anders sur l’obsolescence de l’homme (sur la destruction de la vie à l’époque de la troisième révolution industrielle), quelles sont les propositions artistiques et quelles sont les pragmatiques induites par les œuvres que proposent certains artistes de la seconde moitié du XXe siècle et du début du XXIe siècle pour résister à cette destruction ?

ÉCOLOGIE(S) EN QUESTION

Alejandra Riera
En collaboration avec l’atelier son.

Avec la participation de Lotte Arndt, Ariane Théveniaud, Jumana Manna, Ricardo Liong-A-Kong.
En partenariat avec l’INHA, les Laboratoires d’Aubervilliers, le Muséum national d’histoire naturelle et la Cité de la musique.

L’objectif de ce cours est de questionner les modes de conservation d’œuvres du passé mais aussi, et surtout d’engager une réflexion importante sur nos modes de production d’œuvres. Jusqu’où faut-il aller pour préserver ? Qu’est-ce qu’on préserve au juste ? Où ? Pour qui ? Est-ce qu’au-delà de la conception d’oeuvres, les artistes, les personnes ou les collectifs qui réalisent des oeuvres, peuvent aussi réfléchir au devenir de leurs productions artistiques ? Pensons-nous à la destinée et au temps de vie des œuvres que nous fabriquons ? Pensons-nous assez et concrètement aux modes de circulation des oeuvres que nous avons fabriquées ? Après leur conception, quelles formes de vie concernent les œuvres dites d’art ? Leur accordons-nous un droit d’usage possible et comment cela s’imagine-t-il concrètement ? De quoi se nourrit une œuvre dite d’art et qu’est-ce qu’elle nourrit ? Ces questions sont rarement posées, pourtant, une fois les œuvres déjà là, elles remplissent des lieux de stockages et toute une économie née autour de leur préservation et présentation. Beaucoup d’œuvres dorment dans des lieux sombres et attendent d’être ramenées à la vie. Qu’est-ce qui rend une œuvre vivante ? Qu’est-ce qui donne à une œuvre du passé son actualité ? L’œuvre a-t-elle un lieu qui lui correspond pour transmettre tout son sens, ou peut-elle être présentée n’importe où ? Toute œuvre se doit-elle d’être conservée ou la notion du périssable dans les arts de faire est-elle à repenser ?

ENGLISH THROUGH ART

Rachael Woodson

Ce cours multi-niveaux, qui se déroulera entièrement en anglais, vise à fournir aux étudiant.e.s les compétences nécessaires pour pratiquer un anglais à la fois courant et professionnel en lien avec leur domaine de création. La participation et la curiosité des étudiant.e.s seront sollicitées autour de la langue par le biais de différentes réalisations, ce qui permettra d’établir des échanges actifs entre nous pendant l’année. Ces réalisations mettront en œuvre la notion pédagogique de l’apprentissage par la pratique, et pourront prendre de multiples formes : une découverte des ouvrages en anglais de la collection du centre de documentation, des discussions autour des écrits d’artistes et d’écrivain.e.s anglophones, des moments d’expérimentation dans l’atelier photographique, des démonstrations des works in progress des étudiant.e.s, un projet collectif d’édition autour de l’image et du langage.

En favorisant les intersections entre les formes de représentation (photographie, cinéma, dessin, performance…) et en s’appuyant sur divers modes d’expression et de communication linguistiques (la parole, l’écoute, la lecture, l’écriture…), une capacité de transmission riche et personnelle sera cultivée. Les étudiant.e.s développeront des méthodes de recherche pratiques et critiques, individuelles et collectives, afin de construire, et de présenter de manière réfléchie, leurs points de vue. Cette approche permettra également aux étudiant.e.s de découvrir le travail d’un éventail d’artistes, de théoricien. ne.s et d’écrivain.e.s lié.e.s au monde anglophone.

FACE À FACE

Carole Benzaken, Luc Lang
En partenariat avec le Centre Pompidou.

Trop souvent, les étudiant-e-s ont un rapport abstrait aux arts par le biais des images électriques de leurs écrans. Il s’agit donc de se confronter à la réalité physique unique des œuvres présentées à Beaubourg. C’est bien d’un face à face, à l’échelle réelle qu’il s’agit, et de développer une attention frontale et particulière à l’œuvre, et non de venir vérifier au musée que l’œuvre correspond à sa photo comme si l’image électrique était l’original… Chaque étudiant-e devra, devant une ou plusieurs œuvres qu’il-elle aura choisi, la présenter à l’ensemble du groupe, construire sa critique de l’œuvre. Il-elle pourra choisir des œuvres parce qu’il- elle les trouve importantes, intéressantes, puissantes, ou encore parce qu’il-elle les trouve faibles et sans intérêt.

GÉNÉALOGIE ET TOPOGRAPHIE DE LA PENSÉE CONTEMPORAINE

Geoffroy De Lagasnerie

Fournir les repères essentiels pour s’orienter dans la pensée, pour connaître la topographie théorique du temps présent, pour saisir les grands enjeux théoriques, politiques, critiques qui travaillent la réflexion à l’échelle internationale et qui changent les représentations du monde.

HISTOIRE DE L’ART : POINTS DE VUE

Avec la participation de Nicolas Liucci-Goutnikov, Morad Montazami, Maria Stavrinaki, Devika Singh, Marcella Lista, Angela Lampe.
En partenariat avec le Musée national d’art moderne – Centre Pompidou, la salle Pro du Centre Pompidou et la Bibliothèque Kandinsky.

Destiné aux étudiant.e.s de 2e année, ce cours d’histoire de l’art du XXE siècle aborde des problématiques qui traversent l’histoire de l’art du début et moitié du XXe siècle, à travers les points de vue et regards singuliers de chercheur.euse.s et historien.ne.s de l’art de divers horizons. Le cours aura lieu au Centre Pompidou, dans les collections du Musée national d’art moderne, et s’ar- ticulera entre un moment devant les œuvres (45 min environ), et un moment de cours (1h30) dans la salle pro au cœur des collections. En lien étroit avec une expérience directe des œuvres, ce cours abordera, à travers des regards informés des recherches les plus récentes, l’abstraction, les avant-gardes, le retour à la figuration, l’objet des surréalistes, les modernités non-européennes, les œuvres des femmes du mouvements surréaliste, les expérimentations optiques et bruitistes des avant-gardes, les expérimentations autour du livre d’artiste, la résurgence de la préhistoire dans l’art moderne…

LA FABRIQUE DU SONORE

Jérôme Combier
En collaboration avec l’atelier son.
Avec la participation de Elsa Biston, Jean-Luc Hervé et Benjamin Thigpen.

La fabrique du sonore propose d’explorer la musique et le son sous des formes les plus diverses : musiques électroniques, installations sonores, musiques instrumentales, musiques exploratoires. La forme du cours sera elle-même variée : cours le matin, rendez-vous l’après-midi ou sinon atelier toute la journée, rencontre avec un-e artiste invité-e. Ce cours propose une pluralité d’attitudes face au son : à la fois cours et atelier, à la fois séances d’écoute et décryptage esthétique, à la fois expérimentations sonores, exploration de logiciels et débats d’écoute.

LES APPROPRIATIONS

François Aubart 

En art, toute pratique consistant à copier ou à reproduire un élément préexistant se voit vite associée à la notion d’appropriation. Des readymades de Marcel Duchamp, s’agissant d’exposer des objets industriels comme des œuvres d’art, aux installations vidéo d’Hito Steyerl qui s’appuient sur la mise en circulation et la manipulation d’informations en ligne, ce mot accompagne nombre d’artistes des 20ème et 21ème siècles. Il désigne un geste auquel on confère une portée critique. D’un part, l’appropriation trouble la notion de création originale car les artistes travaillent avec des éléments qu’iels n’ont pas inventés. D’autre part, ces artistes insufflent un sens nouveau, inédit, à des éléments culturels et nous invitent à considérer ceux qui nous entourent. Cependant, cette portée critique a parfois été mise en doute lorsque la distinction entre recul critique et simple fascination n’est pas évidente, ce qui a été reproché à Jeff Koons par exemple. De plus, la mise en crise de la notion d’auteur s’est retrouvée débattue hors des lieux de l’art, dans le cadre de procès pour plagiat, comme ce fut le cas pour Richard Prince dont certaines œuvres ont été faites avec des photographies de Patrick Cariou. Par ailleurs, l’appropriation a été et reste un levier largement exploité par des groupes minoritaires pour faire valoir leur droits et leurs revendications en les insérant dans le discours dominant ou en détourant ce dernier. Dans les années 1980, des collectifs militants comme Gran Fury détournaient les campagnes publicitaires pour revendiquer les droits des malades du sida. Au même moment, en Angleterre, The Black Audio Film Collective composait des films faits d’extraits de films de provenances diverses pour chroniquer le racisme de la période Thatcher. Récemment, le terme « appropriation » est réapparu dans un autre débat, celui de l’appropriation culturelle. Il sert là à reprocher à des artistes, des musicien-nes ou des institutions d’exploiter économiquement ou symboliquement des pratiques de communautés et de culture minoritaires qui, elles, n’en profitent pas. L’appropriation culturelle met en évidence des enjeux de domination, parfois inhérents à des modes de circulations, auxquels restent parfois aveugles celles et ceux qui les pratiquent. Qu’il s’agisse de style vestimentaire, de pratiques de danse ou d’œuvres, on retrouve là un-e auteur-ice utilisant des éléments déjà existants, mais il s’agit désormais de considérer à qui ils appartiennent et ce qu’y gagne « l’appropriateur-euse ». Ce cours voudrait dessiner des pistes pour appréhender la complexité des notions d’auteur-ice, de création, de possession, de valeur, de partage et de critique soulevées par les nombreuses façons de pratiquer et de penser l’appropriation.

LISTENING FOR THE NOT YET ARTICULATED— THOSE OLD SONGS

Hong-Kai Wang
Avec la participation de Bill Dietz, Jane Jin Kaisen, Ho Tzu Nyen.

In a note on her music for Merce Cunningham’s 1976 dance, Torse, Maryanne Amacher writes: « Tone-of-place, ‘experienced,’ ‘heard,’ through skin, detected by unnamed sensibilities, an impression carried in through skin even when not in the physical place—having been there a long time—continues—is carried in self. » And in Jean Genet’s Prisoners of Love, he reflects: “And perhaps all music, even the newest, is not so much something discovered as something that re-emerges from where it lay buried in the memory, inaudible as a melody cut in a disc of flesh. A composer lets me hear a song that has always been shut up silent within me.” In the line of thought of these two visionary thinkers, perhaps when the songs are being sung, we can hear what is audible or sayable, and feel what is palpable, but we don’t know where the meaning truly resides. That is, there are other kinds of frequencies that we cannot hear, and we ought to bear in mind— these frequencies may be inaudible, but not soundless. That we cannot hear it does not mean the sonic waves do not propagate. It is just that our human hearing faculty is limited. And hearing or listening does not mean that one would understand the sounding subject in its full complexity. So, the question is, how can we attend to the not yet articulated frequencies of sound in addition to and beyond reaching towards modes of listening? What kind of process can we engage with, using what kind of means? This course proposes to take the aforementioned questions as a point of departure, seeking to study and contemplate the notion of “unnamed sensibilities” as Maryanne Amacher puts forth. « Unnamed » means that it’s already there in us, already active, just hasn’t been given a name as opposed to that of the « unknown, » which is more on the side of « new.” Together with the students, the course will be structured by excavations of “old songs” (could be in divergent forms or genres) from different times and places, as well as a series of collaborative listening scores making around the songs in the process of studying the politics and ontologies of songs, sounding and listening.

L’ART BRUT

Barbara Safarova
En partenariat avec l’École du Louvre.

Ce séminaire est consacré à l’évolution du concept d’art brut : sa préhistoire, liée à l’« art des fous » et aux productions dites médiumniques de la fin de 19e et du début de 20e siècle, son histoire au cours de la deuxième moitié du 20e siècle, puis son inclusion dans les collections d’institutions majeures au 21e siècle. Le point de départ de ce développement repose sur quelques œuvres provenant de la donation Bruno Decharme au Musée national d’art moderne-Centre Pompidou. Elles donnent la possibilité d’explorer les enjeux muséologiques et théoriques que l’art brut présente aujourd’hui : la provenance de l’œuvre ; son statut à l’origine (cf. les collections des hôpitaux psychiatriques) ; l’identification de son auteur et sa biographie (les questions de l’anonymat ou du secret médical, la problématique des archives), les intentions de l’auteur ; la conservation ; les enjeux scénographiques et éthiques qui se présentent chaque fois que ces œuvres sont montrées au public.

PRATIQUER LE MOUVEMENT ET SORTIR

Claudia Triozzi
En articulation avec le studio « Entretenir ».

Avec la participation de Maryline Guitton.
En partenariat avec le Festival d’Automne, Paris, Points Communs Nouvelle scène nationale Cergy-Pontoise /Val d’Oise.

Nous approcherons les pratiques du corps par différents thèmes comme la conscience de soi, la limite et la force de l’introspection, la réaction et l’adaptation au monde extérieur, le croisement de pratiques corporelles dans l’art. Danser ? Performer ? Actionner ? Agir ? Je dirais composer un espace tout en risque et en spontanéité, expérimenter. Là où je suis avec mon mouvement et ma perception du corps, mon idée de le penser. Créer des expériences directes utilisant notre mouvement naturel, celui qui nous fait parcourir, qui nous fait soulever, déplacer, rire, regarder, auquel nous songions et qui ne nous appartient pas, celui qui marque le temps et ses affects, celui qui nous fait voir d’une façon particulière le monde qui nous entoure et nous fait agir. Nous accueillerons, dans le cadre de ce cours, la performeuse et chanteuse Maryline Guitton pour deux sessions de travail autour des techniques vocales et pratiques du corps de la méthode Roy Hart. Nous continuerons à sortir pour aller se confronter à des spectacles, performances, scènes sonores comme seules formes véritables d’exploration, d’analyse, de création en temps réel, en lien direct avec la représentation.

SÉMINAIRE DE MÉTHODOLOGIE

François Aubart, Carole Boulbès, Gallien Déjean, Corinne Le Neün, Laure Limongi

Ce séminaire de méthodologie s’adresse aux étudiant.e.s de 3e année afin d’amorcer, de prolonger et d’enrichir, une réflexion transversale aux médiums et outils privilégiés de chacun.e, portant sur les enjeux de méthodes dans la perspective du mémoire à réaliser en 4e année. Plutôt que de comprendre la méthodologie comme un ensemble de règles à appliquer en tous temps et en tous lieux, il s’agira de la saisir comme un ensemble d’outils à inventer, critiquer et/ou détourner, au gré des circonstances de production et de pensée, de même qu’il s’agira de comprendre la méthode comme la visée d’un travail artistique et/ou de recherche elle-même. Animé par plusieurs enseignant.e.s de l’ENSAPC dont les pratiques vont de l’histoire de l’art à la littérature, de la performance à l’exposition, chaque séance sera l’occasion d’une réflexion située, à la fois à partir de leur pratique et de vos pratiques, sur les outils que l’on s’invente pour mener à bien des projets et des recherches artistiques.

 

SÉMINAIRE DE PROFESSIONNALISATION

Camille Kingué

Le séminaire de professionnalisation propose des rendez-vous à l’occasion desquels les étudiant-e-s ont l’opportunité de rencontrer et d’échanger avec des personnalités (artistes, commissaires d’expositions, galeristes, collectifs, avocats…) impliquées dans différents champs de la création : recherche, production, diffusion, collection, commande, droits d’auteur, statut de l’artiste, politiques culturelles… Ces séances fournissent des outils autant théoriques que pratiques que les étudiant-e-s peuvent ensuite mobiliser dans l’élaboration de leur parcours.