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Pour une thèse vivante

Exhibition from May 15 to June 3rd, 2021

from Wednesday to Saturday from 1pm to 5.30pm
Reservation: ygrec@ensapc.fr

Ygrec
29 rue Henri Barbusse
93300 Aubervilliers
tel : +33 (0) 6 28 79 04 82



Pour une thèse vivante

Claudia Triozzi

 

Le centre d’art Ygrec accueille Claudia Triozzi, artiste et enseignante à l’ENSAPC, du 15 mai au 03 juin 2021 dans un dispositif en constante évolution. Au sein du projet qu’elle mène depuis 2011, «Pour une thèse vivante », elle met en œuvre une recherche incarnée dans « le faire ». Questionnant l’acte performatif, l’histoire de la pratique et la performance entendue au sens large en tant qu’exercice d’une activité donnée au sein d’un corps social ou d’un métier, « Pour une thèse vivante » tente de dépasser l’opposition binaire écriture/création plastique, recherche/représentation. L’espace d’exposition se transforme en lieu de recherche expérimentale, vers l’écriture du geste. Différentes rencontres et évènements seront organisés à Ygrec-ENSAPC pendant la durée du projet.

“Initié en 2011, POUR UNE THÈSE VIVANTE est un projet qui, dans mon œuvre, témoigne d’une part de mes réflexions sur l’idée d’un art en tant qu’artisanat, en somme un ensemble de savoirs déjà établis et d’autre part, un art toujours en mouvement qui naît dans l’acte même de ma pratique.

Ce projet recouvre différents questionnements sur ma propre pratique comprenant : l’acte de performer, l’histoire de la pratique elle-même et enfin la performance, entendue au sens large de tout corps exerçant une activité donnée : au sens où l’on retrouve la question du corps social, du métier.

Le premier manifeste de cette réflexion, que je considère comme acte fondateur, a été créé en réaction aux Accords de Bologne obligeant les Écoles d’art à établir des partenariats avec des équipes de recherche d’établissements d’enseignement supérieur et principalement avec l’Université.

« Pour une thèse vivante » tente d’établir un lien fort entre écriture, recherche et pratique artistique. Afin de dépasser l’opposition binaire écriture/création plastique, recherche/représentation, la thèse vivante met en exergue les difficultés que peut rencontrer l’artiste à trouver un positionnement clair dans cette équation complexe.

Être in situ pour avancer l’acte de l’écriture

« Pour une thèse vivante », est un projet auquel j’ai donné diverses formes scéniques et qui a été programmé dans des théâtres, des musées mais également dans de lieux de recherche et d’enseignement. Il est né dans le cadre de ma pratique pédagogique et veut se poser en partage dans le centre d’art qui porte le nom d’une école. Ma présence à Ygrec-ENSAPC est l’occasion de poursuivre le geste d’écriture et de le rendre public par l’édition et l’impression d’extraits.

Trois axes portent le travail de « Pour une thèse vivante ». Je peux aussi dire trois intentions, trois directions, trois adresses.

– Je ne cède pas au geste de la création, le porter même dans ce qui apparaît et le contrarier dans ce regard rétrospectif envers sa vie. Le geste, lui, reste créatif.

– J’adresse ce geste de l’écriture aux écoles. Je pourrais dire (expliciter) ceci de la même façon en parlant du mémoire que j’accompagne dans le champ de l’enseignement.

-Je ne rebrousse pas chemin. Dans sa première présentation en 2011, « Pour une thèse vivante », nommait la place de la recherche, propre à chaque expression. Un théâtre allait donc porter, supporter l’écriture, expliciter indirectement mes tournures d’esprit, mes cogitations, mes boutades. Aujourd’hui, ce désir d’écriture est et veut, avant toute chose, se donner la possibilité de dire ce qui a eu lieu dans ce temps et est motivé à faire de même de ses propres actes. Ne pas renoncer au geste de la création.

Mes intentions restent les mêmes mais l’acte a changé. J’ai toujours pensé que les grands obstacles avaient en eux les désirs les plus profonds. Ici continuer l’acte d’écriture et de créer. Ma présence au centre d’art Ygrec-ENSAPC sera l’occasion de poursuivre cette écriture et de la rendre publique par la présentation d’éléments de recherche.

Mais comment savoir sans le faire ?

Passer à l’écriture me permet de faire apparaitre en premier lieu quels ont été mes engagements dans ce projet, la substance, la matière, le temps qu’il a fallu pour y parvenir. L’occasion de continuer à enquêter sur les relations entre les éléments mis en jeux dans les différentes représentations
et d’envisager plusieurs fictions possibles. Je conçois ce passage à l’écriture comme un acte d’émancipation qui sait ce qui se joue.

Ce moment de résidence au centre d’art Ygrec-ENSAPC est une élaboration créative de ce qui est depuis le début : un acte de partage déplaçant le champ des savoir-faire. Des moments d’échanges et de mise en commun des matériaux seront organisés pour revisiter, avec des participants, des fragments de ce travail.

C’est donc, j’oserai dire, une invitation qui encore une fois, me demande un positionnement personnel, riche de contrariétés : écrire, s’exposer, performer. Partager des éléments qui se cherchent est un acte compliqué, voir presque, impudique pour moi. C’est le respect et le sens de ce qui a fait naître « Pour une thèse vivante » qui m’a amené à le faire : une mise en commun de l’expérience.”

Claudia Triozzi (2021)

 

Claudia Triozzi commence ses études de danse classique et contemporaine en Italie et s’installe à Paris en 1985. Parallèlement à son travail d’interprète, avec Odile Duboc, Georges Appaix, François Verret, Alain Buffard, Xavier Leroy et Xavier Boussiron, elle crée ses propres pièces dans lesquelles elle développe aussi bien la direction de la mise en scène que l’interprétation. Elle produit des spectacles iconoclastes, des tableaux vivants, dont la danse ne sort jamais indemne. En mars 2011, invitée par le Musée de la danse à Rennes, elle entame un nouveau projet intitulé Pour une thèse vivante, dans lequel elle livre sa réflexion sur l’écriture d’artiste. Son travail se développe aussi bien sur scène qu’au travers de vidéos ou installations, exposées dans les musées ou galeries. Elle présente ses spectacles sur la scène européenne, aux États-Unis, en Corée, au Japon. Elle développe une pédagogie liée à son propre travail en intervenant dans différentes écoles d’art en France et à l’étranger.